Laurent, comment est née cette passion que tu nourris pour le Tro Bro Léon ?
« J’ai découvert cette épreuve à l’occasion de ma première saison dans le peloton professionnel. J’étais échappé, et les supporters massés en nombre au bord de la route et des ribines, m’ont poussé, poussé. Après, ma femme, a été mutée professionnellement dans la région du Tro Bro Léon. J’étais devenu en quelque sorte « le local de l’épreuve ». Et le Tro Bro Léon est devenu une course spéciale pour moi, j’ai très vite eu de l’attachement pour cette épreuve, qui symbolise pour moi la Bretagne, rude, belle, sauvage. J’avais cette course en tête lorsque j’étais coureur dès l’hiver, je faisais pas mal de reconnaissances. Elle était en moi. J’ai toujours été régulier sur cette épreuve, sans jamais avoir eu la chance de la gagner. Mais j’étais toujours motivé au départ. Je voulais répondre présent, chez moi, dans mon « jardin » du Tro Bro Léon ».
Quel est ton meilleur souvenir de la course ?
« Paradoxalement c’est le pire aussi. L’édition 2022, je sortais d’un super Paris-Roubaix. J’étais en forme. J’y croyais, je me disais que cela allait-être mon année. Au départ, lors de la présentation, il y avait tellement de monde que j’en ai eu des frissons. Je m’étais fait mon plan d’attaque dans la tête. Je voulais passer à l’offensive au secteur de la ferme, et là je me relève, et je sens que j’ai crevé de la roue avant. Tout mes rêves se sont envolés d’un coup. J’étais tout même content collectivement à l’arrivée car un coéquipier avait gagné la course, mais pour moi c’était dur individuellement. Et puis, quand je suis monté sur le podium, pour recevoir le prix de « 1er Breton » de la course, le public m’a ovationné comme jamais. J’étais donc d’un côté triste d’être passé si près de ma course de coeur, mais d’un autre côté aussi, la fierté l’emportait de voir toutes ces personnes qui ont vécu les mêmes émotions que moi. J’étais content de leur avoir apporté cette petite parcelle de bonheur aux supporters bretons. C’était à la fois mon meilleur et mon pire souvenir ».
Que représenterait une victoire en qualité de directeur-sportif ?
« J’ai gagné deux courses l’an passé par coureurs interposés, et l’adrénaline ressentie, les émotions qui sont remontées à chaque fois étaient énormes. Comme les coureurs, je fais désormais ce métier pour gagner, performer. Cette année, je vais leur transmettre toute ma connaissance de la course. Je connais toutes les routes par coeur, toutes les ribines, où et comment se placer. Je vais les guider sur ce plan stratégique, après ce seront à eux, suivant le plan établi, de faire la course. Je vais aussi leur parler de mon attachement au Tro Bro Léon, leur parler de cette course avec la passion qui m’anime, leur transmettre. Car aimer une course, c’est déjà faire beaucoup de chemins, si je peux m’exprimer ainsi, vers la performance. On sera à la maison, sur nos terres bretonnes, sur celles aussi de nos partenaires titres, ARKEA et B&B HOTELS, on veut briller, faire au mieux. Nous disposons d’une très belle équipe avec Kévin Vauquelin, Arnaud Démare, Clément Venturini, Jenthe Biermans, Amaury Capiot et Florian Senechal ».